spécial marathon des sables vécu par Joachim

Un article intéressant sur le vécu de la course du marathon des sables de Joachim.

pyramides 2016 (2)
Bonjour à tous,
Me revoilà rentré du “pays de la soif”!
Comme vous vous en doutez ça a été une vrai aventure à la fois magique, troublante avec de vrais moments forts en émotions et aussi difficiles..
Les habitués ont qualifié cette version 2016 comme étant la plus longue et la plus difficile, fallait bien que ça tombe sur moi!
Le premier jour avec une vraie entrée en matière, avec plus de 15 km de dunes immenses, interminables et molles à souhait après seulement 2km d’échauffement. C’est là que la magie du désert nous ensorcèle  et que s’opère la métamorphose en aventurier du Sahara dans ce décor fantastique et démesuré. Sauf qu’on s’aperçoit que la vitesse moyenne est de 2,5km/h en marchant et de 5à 6 km/h en essayant de courir..
Tintin au Saharaimage1 image2 image3 image4 image5
 Suivi ensuite d’une tempête  de poussière et de sable pleine face sur des zones plates plus plates et caillouteuses interminables aussi , avec obligation de se couvrir l’intégralité de la tête tant le sable frappe fort. Les pieds chauffent vite aussi, avec la température proche des 40° et les guêtres, gare aux ampoules!
Mon sac est trop lourd avec 3 litres d’eau (indispensable d’après les habitués vu le vent fort de face) et le premier point de contrôle de ravitaillement en eau est trop éloigné pour tenir avec les 2 bidons prévus initialement. Du coup jambes lourdes et difficile de trainer sa carcasse avec 11,5kg sur le dos!
La déshydratation et le dessèchement se font vite ressentir et les 4X4 de “doc trotter » ne chôment pas, la perfusion coule à flot aux contrôles et même entre les dunes!
Ce premier jour est vraiment un test autant qu’un écrémage!
Classement final plutôt inattendu à la 275ieme place en restant assez tranquille vu la suite à venir.. mais plus de 6h pour faire 34km et 800 de deniv+.
Le soir repos, repas déshydraté et dodo à 8h sous une tente ouverte en plein vent, et du coup le marchand de sable est bien passé mais j’ai pas dormis pour autant car il ma balancé du sable plein les yeux, les oreilles et partout en fait! Mais  le sable finit par être si omniprésent qu’on s’habitue au final en avoir partout, y compris dans son estomac, sans se poser de question!
C’est aussi ça le MDS, il faut courir mais surtout SURVIVRE!!
Le 2 ieme jour, pratiquement 41,2  km avec moins de grosses dunes, des reliefs très variés avec la traversée d’un jebel (montagne) casse pattes,  toujours ce vent de face infernal, et des cailloux bien saillants. Mais j’apprends gentiment à caresser  les dunes et à gérer mon eau et du coup je redescend  225 ieme au classement général.
 Le 3 ieme jour sur l’étape de 37,5km les jambes et mon assurance se réveillent enfin;  j’ai de bonnes sensations malgré une chaleur étouffante ce coup ci, sans vent, faut choisir!
 Malgré les recommandations des habitués de “lever le pied” pour en garder pour l’étape du double Marathon du lendemain, je cours  au feeling sans jamais marcher quasiment, avec une bonne vitesse moyenne, un maximum de “doublage” dans la fournaise des dunes, ca fait du bien…L’objectif est d’arriver vite au bivouac pour reprendre du “jus” pour le lendemain au contraire.
Du coup 149  ieme place et premier arrivé de ma tente!
Malheureusement pour mes colocs 1 abandon pour malaise le premier jour, et un coureur déshydraté qui malgré 3 litres de perfusion ne “rentrera pas ce soir”..
Sauf que ce soir de ce 3 ieme jour j’ai ressenti moi aussi 3h après l’arrivée un début de déshydratation retard (hypônatremie je pense),  avec le contre coup d’une surchauffe probable et la trop forte perte de sels minéraux, j’avais pourtant beaucoup bu.. Donc une perte d’appétit et de petites nausées et des urines rares et trop concentrées..
Heureusement quand on soigne les toutous on sait aussi se traiter et après de bonnes soupes, pastilles de sels et avec un bon mental la machine est répartie 15 minutes avant le départ du 4 ieme jour le lendemain matin!!
 Plutôt frais pour cette longue étape de 84km je décide de partir vite et profiter de l’expérience des jours précédents, à savoir profiter de “la fraîcheur matinale” pour envoyer, courir sur les dunes vierges quitte à se dévier un peu ; mais du coup si on est dans les premiers c’est forcement plus pratique, accélérer dans les couloirs ventés, ralentir aux heures torrides et faire un break à mi course de 15minutes pour se ravitailler.
Il faut savoir que courir sur le sable , c’est possible. Le sable ne doit pas être écrasé par les autres sinon c’est l’enfer et on recule plus qu’on avance.
Il Faut choisir les dunes avec la bonne couleur et avec de petites vagues, courir dans les creux de préférence, et si on est pas trop lourd et qu’on effleure le sable pied à plat ça passe! C’est même plutôt agréable surtout quand on est seul, si si!
Au final la pause de 15 minutes a durée malgré moi une demi heure à mi course. C’était l’heure la plus chaude j’avais l’appréhension de retomber en hyponatremie (manque de sel) car je ne supportais plus d’avaler les pastilles de sel et les mini  cochonous et cacahouètes salées ne suffisaient surement pas, vue la couleur de de mes vêtements immaculés de blanc de sel!
J’ai opté pour un arrêt plus long et je n’avais aussi pas compté le desarsonnage et le rhabillage du sac MDS aussi plutôt fastidieux..
Reboosté et déterminé à rattraper cette demi heure d’arrêt, j’attaque la 2 ieme partie sans quasiment marcher avec pour objectif d’arriver avant minuit afin de dormir un minimum. Rachid el morabi leader de la course et son compatriote partis 3 heures après nous (“privilège” ou plutôt handicap des 50 premiers) me double après ces 6 heures de course. Leurs rythme est soutenu et ils frôlent et survolent les dunes en s’aspergant régulièrement avec une bouteille d’eau gardée en main. Je les suis et décide de les imiter pour me relancer, pas longtemps malheureusement..!
Ensuite c’est l’Espagnol 3ieme féminine qui me double un peu plus tard pendant que la nuit tombe.
Alors que le sable est mou et que la route est déjà effondrée par le passage d’un camion et que je m’efforce de chercher des endroits “durs” pour garder mon rythme, celle ci piétine la trace abimée avec une assurance et une aisance incroyable, sans se poser de question! De ce fait impossible à suivre sauf à finir dans le rouge!
La nuit est tombée et l’Espagnol était ma dernière rencontre.
Je me retrouve seul avec ma mini frontale sur le front prêté par Alexis (la mienne très puissante est resté à Fabregues, elle pesait 100g de plus..) à la recherche des spots lumineux placés tous les 500 mètres, je m’égard parfois car pas si simple à trouver. Je traverse un dernier CP ou je décide de ne pas m’attarder à part pour prendre de l’eau évidement.
Peu après j’aperçois, toujours seul, enfin les lumières du bivouac signalant l’arrivée!
Très trompeur quand même puisqu’il reste à ma montre prêt de 10km soit prêt d’une heure 30 suivant le relief qui m’attend!
 Motivé je décide d’accélérer et je double une dizaine de concurrents épuisés pour la plupart et
incapables de courir davantage avec les pieds dévastés.
Finalement, j’arrive en moins d’une heure 15 sur la ligne d’arrivée, il est 10h14 et  j’arrive 149 ieme de l’étape à nouveau et 138ieme à franchir la ligne après un peu plus de 14h de course.
Content je vais pouvoir dormir et profiter de la journée de récupération toujours bercé par le vent très fort qui a arraché les piquets de ma” tente”, la toile m’a claqué sur la tête toute la nuit et de nouveau le marchand de sable est resté au dessus de ma tête pour me féliciter! .
Pendant le jour “off” j’apprends que je suis dans les 200 premiers (172 exactement) et que le règlement nous impose à notre tour de partir pour l’étape suivante 2h après les autres.
C’est à la fois excitant de partir dans “l’élite » à mon tour, mais aussi stressant d’avoir à partir à l’heure chaude, avec les dunes massacrées  950 coureurs devant  et surtout de se dire qu’on a vite fait de se retrouver dernier avec les 200 meilleurs prêts à tout déchirer pour garder et grignoter des places!
Un de mes colocs a encore abandonné, un autre arrivera dans l’après midi, on l’aide à se dévêtir, et on lui prépare son repas car il est épuisé,  dure pour lui la récupération!
Nous sommes plus que 4 sur 7 à cohabiter!
5 ieme étape, le Marathon final: j’ai de bonnes sensations et un bon moral encore, je le prends comme un vrai Marathon même si évidemment on va traverser des dunes et des oueds où on s’enlise avec des cailloux bien pointus et cassants et qu’avec la fatigue je ne vise évidement pas un chrono marathon..
Je décide donc de partir “vite” (enfin 10km/h quoi!) , advienne que pourra c’est la dernière étape sélective et j’ai la chance de n’avoir qu’une seule ampoule absolument indolore.
Je me retourne et m’aperçois que tout le monde est bien au taquet et que je n’ai qu’une 30 aine de type derrière moi, normal!  Les marocains, infatigables sont déjà bien devant.
Je garde le rythme et après une heure de course je rattrape les autres partis en avance, il fait trop chaud désormais pour beaucoup pour courir.
Je talonne un espagnol et un allemand depuis le début et je m’accroche à leur rythme très soutenu, je ne m’attarde pas au CP, prend la juste la quantité d’eau et méthode marocaine, je garde un fond de bouteille pour arroser mes jambes brulantes, et méthode espagnol je ne calcul plus mes traces et je piétine bien à plat sans me poser de question..
Mes efforts payent et je me retrouvent à nouveau en tête de peleton avec encore des dunes intactes qui m’attendent tendrement. Je dois quand même ralentir au 35 ieme km pendant 10min pour cause de surchauffe ou je marche vite par salve d’une minute maximum et je repart des que je “refroidis”.
3km avant la fin je profite d’un mini courant d’air pour reprendre ma moyenne du départ à 1Okm/h pour un marathon final en 5h 08 à plus de 8 km/h de moyenne!
Je franchis 340 ieme la ligne d’arrivée malgré les 950 concurrents partis devant moi.
La 6 ieme étape de 17km n’était pas chronométrée, on courrait pour l’Unicef.

Du coup 165 ieme et 21ieme v2 au classement général, inespéré pour un homme grenouille comme moi plus habitué à l’ivresse des  profondeurs qu’au mirage du désert!!

Fin de l’aventure ensuite et repos couscous et pâtisseries locales 24h à Ouarzazate en attendant le retour.

Encore un grand merci de m’avoir suivi, encouragé, et tous ces messages m’ont bien fait chaud au cœur pendant ces moments sensibles même si je pouvait pas répondre.

A bientôt pour évoquer ces superbes émotions !

Bises
Joachim
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